1) Vincent Van Gogh, autoportrait
au chevalet (1888)
Huile sur toile, 65/50 cm
2) Robert Doisneau, autoportrait
au Rolleiflex (1947)
Epreuve argentique noir/blanc, moyen format (6x6)
C’est
tout naturellement que j’ai choisi ces deux autoportraits, car les travaux de
ces artiste me passionnent.
L’œuvre
de Vincent Van Gogh, peintre mythique du 19ieme siècle, pour son style si
particulier, appartenant au courant expressionniste, avec ses couleurs vives,
éclatantes et lumineuses.
Et
celle de Robert Doisneau, photographe des petites gens, racontant des histoires
empreintes de nostalgie et de tendresse ou reporter parcourant le monde pour
vivre de son idéal.
Au
delà de mon intérêt pour leurs œuvres, il est intéressant de comparer ces deux
autoportraits, car les deux artiste ont commencé leur carrière en reproduisant
la vie quotidienne des petites gens et était tous deux des humanistes.
La
toile de Vincent Van Gogh, intitulée « Autoportrait au chevalet » est
le dernier autoportrait du peintre réalisé à Paris en 1888. Au dire de ses
contemporains c’est celui qui le fait le mieux revivre. Il s’agit d’une
peinture à l’huile sur toile d’un format de 65 par 50 centimètres.
Van
Gogh agé à cette époque de 35 ans étudie le divisionnisme, un style artistique
qui consiste à obtenir des coloris composés en juxtaposant et superposant des
touches de tons divers. Il se peint d’après son image reflettée dans un mirroire.
La
photo de Robert Doisneau, « Autoportrait au Rolleiflex », un tirage
argentique noir et blanc, moyen format (6x6), a également été prise à Paris,
dans le glace d’une chambre en 1947 alors que le photographe était dans sa
35ième année.
La
ressemblance entre ces images s’achève avec ce récit anecdotique.
Elles
diffèrent sur le plan graphique et la technique :
Van
Gogh s’est représenté en buste, légèrement décalé sur la gauche dans une
position de trois quart droite. Il a choisi un cadrage vertical serré. L’angle
de vue donne l’impression d’une faible contre plongée, peut être due à sa
position par rapport au mirroire.
Pour
sa part, Doisneau s’est photographié en plan rapproché laissant plus d’espace
entre les bords de l’image et son visage qu’il a pris soin de centré. Là encore
un léger effet de contre plongée, mais cette foi du à la position de
l’appareil.
Elles
diffèrent également sur la gestion de l’éclairage et du décor :
Van
Gogh utilise une lumière naturelle, certainement la fenêtre de son atelier qui
procure une sensation de surexposition, renforcée par l’arrière plan uni et
clair .
C’est
la sobriété et la clarté de ce décor qui fait ressortir un Vincent Van Gogh aux
couleurs vives.
De
son côté Doisneau c’est éclairé à l’aide d’une lampe placée en face de lui, qui
accentue les tons clairs de son visage et de sa chemise. Le décor de l’arrière
plan laissé dans l’obscurité n’attire pas le regard, ce qui renforce la
présence du photographe.
Avec
les accessoires de nos deux protagoniste je peux conclure cette comparaison
avec une similitude, car Van Gogh avec ses pinceaux et sa palette de couleurs
ainsi que Robert Doisneau avec son Rolleiflex donne un indice probant quand à
leur appartenance au monde de la peinture et de la photographie.
Après
cette comparaison purement technique de ces autoportraits, il est intéressant
de décrire les sentiments qu’ils engendrent.
En
admirant la toile de Van Gogh, on a un sentiment de désespoir, son regard fixe,
ses yeux vides de toutes expressions, ses lèvres crispées nous montre un homme
rongé par le doute et la dépression qui l’assaillerons jusqu’à la fin de sa
vie, une année après la réalisation de ce portrait, malgré une certaine
maîtrise des couleurs qui font aujourd’hui de lui un génie.
Contrairement
à Van Gogh, Robert Doisneau à un regard ironique, on a l’impression qu’il nous
défie du regard, il est sur de lui, sur de son art, réconforté dans ses pensées par sa renommée croissante qui fait de lui un
acteur incontournable dans le monde de la photographie en cette année 1947.